Reportage n°10 : Pêche sur l’Orne (14)

Pour cette sortie pêche, nous vous emmenons à la découverte des rives de l’Orne en Suisse Normande dans la partie Calvados.

Avant de vous en dire plus, il faut avant tout tenir compte des spécificités de ce fleuve Bas-Normand. En effet, à l’origine, ce cours d’eau était peuplé majoritairement de truite et de migrateurs. Les barrages érigés sur l’ensemble de son cours ont modifié ses écoulements, son profil, sa dynamique, ses températures et par conséquence ses populations.

Pour faire simple, les parties rapides restent colonisées par des espèces comme les truites, les chevesnes, les goujons, les vandoises, mais aussi par les aloses, les saumons et les truites de mer. Les parties les plus lentes, en revanche abritent : brochets, sandres, perches, carpes, gardons et autres cyprinidés. Cette spécificité fait qu’une partie de pêche sur l’Orne vous réserve régulièrement de belles surprises. Les faibles profondeurs observées sur l’amont des biefs permettent des pêches en marchant dans l’eau comme : les goujons à gratter, l’ultra léger, la mouche, voire même du toc, ou de la pêche à la surprise.

Nous commençons en aval du barrage du Hom, sur la commune d’Ouffières. Les voitures sont garées au bout d’un chemin où le ruisseau constitué du Cropton et de l’ Aunay d’Ouffières rencontre l’Orne en rive gauche, à l’amont immédiat de l’ancien barrage du Moulin d’Orties, désormais noyé par la retenue du barrage de Brieux. L’Orne décrit ici une large boucle avec en rive gauche une pente assez forte colonisée par des bois et en rive droite, des pâturages en pente plus douce. Le cadre est splendide et il règne dans le fond de la vallée une ambiance qui met tout de suite le pêcheur à l’aise.

La prospection commence par les courants que forme l’ancien barrage. Large d’environ 25m, la rivière est, en aval de l’ouvrage, assez peu profonde et les magnifiques courants donnent tout de suite envie de sortir une canne à mouche et de les peigner en noyée le matin de bonne heure et en sèche le soir. De plus, la pluie des derniers jours a coloré la rivière. Ce phénomène ne plaide pas en notre faveur pour les perches et les chevesnes, en revanche pour les truites et les migrateurs, c’est tout l’inverse.

Nous débutons la prospection à l’aide de poissons nageurs, petits leurres souples et autres cuillères. Nous passons au peigne fin l’ensemble des courants et le début du plat situé dans le prolongement de l’ancien bief du moulin. Philippe sort une truite, tandis que quelques petites perches viennent taper de temps à autres dans les leurres. Malheureusement, pas de gros poissons à déclarer. Cette crue automnale marque la transition, les belles perches et gros chevesnes qui occupent les courants tout l’été les quittent à ce moment pour redescendre dans les eaux plus lentes, en aval dans la retenue.

Nous remontons alors en aval de l’ancien ouvrage, sur la commune de Curcy sur Orne. Les vestiges de l’ouvrage ont ici encore de l’incidence. La rivière est plus lente, un peu plus large et plus profonde. D’une profondeur maximum de 2m, ce secteur lent et ses nombreux bois noyés tous plus jolis les uns que les autres, offrent au pêcheur de brochets, perches et autres sandres un terrain de jeu magnifique. Si l’Orne n’est pas « très » riche en brochet, la taille moyenne des poissons que vous pouvez y capturer compense le faible nombre de touches. En effet, la taille des prises est souvent comprise entre 60 et 80cm. Après avoir ratissé la bordure sans succès, c’est en pêchant le milieu avec des leurres souples peu plombés que je vais prendre un tout petit brochet et manquer une belle touche. Il est alors déjà l’heure de changer de place ; dommage, car les sandres de l’Orne réagissent souvent positivement aux leurres souples lors des hausses de niveau.

La seconde destination se trouve sur l’AAPPMA de Pont d’Ouilly en aval du barrage de la Courbe sur la rive gauche. L’Orne est ici longée par le GR 36. On retrouve le même profil que sur le secteur précédent à savoir une pente escarpée boisée sur le côté extérieur du méandre et des prairies à l’intérieur de la boucle.

La partie de pêche débute sur le grand radier en aval de l’ouvrage (attention à respecter la zone de réserve de 50rm en aval de ce dernier). L’Orne s’écoule ici sur une quarantaine de mètres de largeur avec une profondeur maximum de 1m. Le fond rocheux est colonisé par des nombreux herbiers qui forment des couloirs dans lesquels, les truites, chevesnes et autres vandoises trouvent le gîte et le couvert. Avec Benjamin, nous trouvons un banc de perches dans une des dépressions les plus importantes du courant principal qui passe le long de la rive droite. Après plusieurs petits poissons pris au poisson nageur et au leurre souple, Benjamin se retrouve aux prises avec un poisson d’un tout autre calibre. En effet, à peine ferré le poisson remonte le courant en trombe sans que Benjamin puisse faire quoi que soit. Le poisson se décroche suite à ce rush. Pour avoir déjà eu ce genre d’expérience sur l’Orne par le passé avec des truites de mer, je reste convaincu que, compte tenu de la puissance du poisson et de sa vitesse de nage, il s’agissait d’un migrateur.

Sur la suite du radier, nous allons toucher une série de petites truites en alternant cuillère ondulante et poisson nageur. Philippe prend également un petit chevesne. Une fois sortie du radier, l’Orne donne naissance à une magnifique fosse avec de gros blocs  en amont. Dans ce genre de poste sur cette rivière tout est possible ; du brochet à la cuillère, à la perche au leurre de surface en passant par le sandre au leurre souple. Malheureusement pour nous, nos leurres ne trouvent pas preneurs. Nous descendons donc au milieu du bief, en amont du barrage de Cossesseville pour tenter de faire un brochet. Nous allons peigner l’Orne qui fait ici une trentaine de mètres de largeur. Nous avons beau passer en revue les arbres noyés, les gros blocs de roche, les herbiers de bordure, les carnassiers ont bel et bien la gueule fermée. Seul Régis fait une jolie perche au leurre souple pour conclure cette sortie.

L’Orne n’est pas toujours simple à pêcher, en revanche le cadre dans lequel elle s’écoule et la beauté de la rivière et ses eaux claires ambrées, hors période de crue, permettent au pêcheur de passer systématiquement un bon moment. De plus, rares sont les rivières où vous pouvez attraper une telle diversité de poissons sur un petit linéaire ; sans compter le fait que des poissons migrateurs peuvent s’inviter à la fête. Je pense que la magie de l’Orne réside en ce point, on va à la pêche sans savoir quelle espèce on va trouver et le nombre de technique de pêche utilisable est énorme.

Les pêcheurs d’eaux vives se contenteront de pêcher les parties rapides constituées le plus souvent de radiers. Alors que les adeptes des eaux lentes ratisseront les fins de biefs à la recherche de sandres et de brochets aux couleurs magnifiques.

De gros travaux pourraient  être effectués  pour araser certains ouvrages et limiter l’impact de ceux existants. L’Orne retrouverait  ainsi peu à peu  son cours initial et, par la même occasion des poissons migrateurs et des truites en plus grande quantité.

Le matériel à prévoir :

Pour une fois, la liste va être difficile à dresser tant les possibilités sont grandes :

Les cuissardes ou wadders sont à prévoir dans tous les cas. Les débits de l’Orne sont susceptibles de changer au cours d’une partie de pêche en raison de l’activité des barrages.

Pour les perches, chevesnes, truites :

Prévoir un assortiment des cuillères tournantes en n°0,1 et 2. Les tons cuivrés et or par eaux claire et argent, quand elle est piquée. Quelques petits leurres souples, type virgule et shads dans des tailles comprises entre 3 et 6cm avec de petites têtes plombées de 1,5 à 4gr. Quelques petits poissons nageurs et leurres de surface viennent compléter la liste. Prévoir des leurres assez allongés et peu plongeants pour les secteurs courant et des petits crankbaits pour les fosses.

Une canne de 1,8m à 2,10m, en 2-10 ou 5-20gr, avec un moulinet en taille 2000 garni avec une tresse fine en 10 centièmes, permet de faire face à l’ensemble des situations et éventuellement de tenter un joli brochet…

Pour le brochet et le sandre, une canne de 2,10 ou 2,4m de puissance comprise entre 5-25gr à 10-40gr avec un moulinet garnit avec une tresse en 15 ou 17 centièmes permet de pêcher avec les poissons nageurs, cuillères, spinnerbait et autres leurres souples dans les bois et dans des nénuphars. La rivière est généralement peu profonde (moins de 3m), les leurres peu plongeants et des têtes plombées entre 4 et 12gr permettent de couvrir l’ensemble des situations.

Pour les pêcheurs à la mouche, une 9pieds soie 4/5 permet de rechercher les poissons blancs ainsi que les truites en sèches pendant les coups du soir. Les sedges bruns foncés sont parfois très nombreux sur certains courants les soirs d’été toujours en avoir en taille 14 et 12. Prévoyez une ou deux nymphes pour prospecter les courants les plus puissants, notamment s’ils  longent de gros cailloux.

Pour les pêcheurs de migrateurs, une voiture est bien souvent indispensable pour se rendre de posts en posts. Une canne entre 10-40 et 15-50gr en 2,4 ou 2,7m est bien suffisante car on peut toujours descendre dans l’eau. Les cuillères tournantes en taille 2 et 3 argentées et les poissons nageurs coulant de 7 ou 9 cm dans les tons fluo et truite arc en ciel sont fortement recommandés.

Il existe des zones de réserve sous certains barrages, veillez à vous renseigner avant de vous y rendre.

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