Reportage Halieutique n°2 : Pêche sur la Sienne (50)
Le second périple sur la découverte des rivières de Basse-Normandie nous entraîne dans le département de la Manche. L’équipe se retrouve sur les rives de la Sienne pour y rechercher les truites fario. Ce fleuve côtier bas-normand s’écoule entre les collines recouvertes d’un bocage caractéristique sur une longueur de 80 km. Sur les 1150 km² du bassin versant, la Sienne et ses affluents représentent un linéaire de 780 km. La rivière se fraye un chemin au cœur des prairies en créant des méandres plus ou moins amples. Le substrat composé essentiellement de schistes et de grés offre aux salmonidés une granulométrie idéale pour la reproduction. Je dis bien « aux » salmonidés, car les truites ne sont pas seules. En effet, le saumon est bien présent sur une grosse partie du linéaire. Nous ne pourrons malheureusement pas le pêcher, le saumon de printemps étant fermé depuis deux jours lors de notre venue. Cependant pour les pêcheurs de migrateurs, sachez que le TAC est de 35 saumons de printemps et de 155 castillons.
Enfin, sachez que l’ensemble de ce bassin versant est géré par l’AAPPMA Association du Bassin de La Sienne qui comporte environ 2000 pêcheurs. De plus l’ensemble du chevelu est « entretenu » par le Syndicat Intercommunal d’Aménagement et d’Entretient de la Sienne. Pour la petite histoire, l’ensemble des AAPPMA qui se trouvaient sur la Sienne, se sont regroupées en une seule grosse AAPPMA. Cette dernière adhère à l’EHGO.
Les présentations étant faites, nous vous emmenons pêcher la truite dès maintenant.
Station n°1 : Rdv à Sainte-Cécile (Manche – 50)
Nous débutons en amont de Villedieu -les- Poêles, à 65km de l’estuaire, au Lieu-dit le Gué sur la commune de Sainte Cécile. La rivière d’une largeur comprise entre 3,5 et 5m s’écoule paisiblement en faisant de jolis méandres encadrés d’une végétation rivulaire bien présente. Les aulnes, saules et autres sureaux, offres des sous berges magnifiques aux nombreuses farios qui habitent se secteur. Les profondeurs sont comprises entre 10 et 80 cm pour les endroits les plus profonds. Nous formons deux équipes, Philippe et Boris choissent le toc, Benjamin et moi optons pour une pêche au lancer.
Les postes sont assez simples à lire. En général, en début de méandre, le courant vient taper sur une racine offrant à la fois, profondeur et abris aux truites, chabots, vairons et anguilles qui peuplent cette partie du cours d’eau. Nous ne toucherons pas de jeune saumon (tacon) sur cette partie du cours d’eau, mais il semble tout de même que les adultes viennent s’y reproduire. Au sortir du méandre la rivière donne naissance à un plat plus ou moins courant, poste de choix quand les poissons se nourrissent d’insectes ou quand la rivière est franchement en crue.
Ce premier secteur nous livre de suite des poissons, les petites cuillères en n°0 et surtout 00 ne les laissent pas indifférentes. Les petits poissons nageurs semblent un peu moins efficaces mais nous rapportent tout de même quelques poissons. Benjamin, nous fera sortir un poisson d’environ 30 cm sur un de ces derniers. La belle sera plus maligne que le pêcheur…La taille de nos capture oscille entre 12 et 25cm chaque poste nous rapporte une touche ou une capture. La quantité et la qualité des poissons sont les meilleures preuves du bon fonctionnement de cet écosystème.
Nos pêcheurs aux appâts prendront eux aussi une série de truites principalement sous les racines. Dommage que nous y soyons allés un peu tôt en saison car je suis certain que ce secteur est un vrai régal à pêcher à la sauterelle.
Pour les amoureux des petites rivières encombrées dans un paysage verdoyant, ce secteur est fait pour vous. En début de saison les pêches au vers, vairon et aux poissons nageurs vous livreront régulièrement des truites de 30cm voire un peu plus. Une fois au niveau d’étiage, le lancer avec des petits leurres en pratiquant les pieds dans l’eau à remonter est un vrai régal. Cependant, la maîtrise du lancer sous la main est indispensable pour exploiter un maximum de postes. Comme je le disais un peu plus haut, pendant l’été, les pêcheurs aux insectes se régaleront en laissant l’esche dériver le long des plus grosses racines et dans les courants principaux.
Station n°2 : La Baleine (Manche – 50)
Notre seconde étape nous conduit 20 km en aval, sur la commune nommée : la Baleine. La pêche débute au niveau d’un pont réputé pour son andouillerie. Les gastronomes, trouverons ici le moyen de faire d’une pierre deux coups. Les équipes et techniques restent inchangées. La rivière quant à elle s’est élargie pour atteindre une largeur de 6 á 8m. Dans cette vallée encaissée, les parties courantes viennent mourir sur de longs plats. La profondeur dans ces derniers peut atteindre 1,5m. En revanche, les parties courantes ont une profondeur comprise entre 20 et 70cm. La population est la même que sur le secteur précédent, plus quelques chevesnes et vandoises. La végétation rivulaire forme une voûte qui offre un ombrage appréciable en cas de fortes chaleur mais qui ne gène en rien pour la pratique de l’ensemble des techniques.
Nous trouvons des poissons actifs uniquement dans les courants, le faible débit et l’absence d’insectes expliquent certainement ce phénomène. En revanche, les parties courantes nous procurent une série de jolies truites en particulier celles en amont du pont et celles de l’ancien barrage situé encore plus haut. Benjamin se paye même le luxe de toucher un saumon. Enfin, c’est ce que nous pensons vue la violence de la touche et l’état dans lequel il a retrouvé son hameçon…Je manque également une jolie truite qui ne trouve pas mieux que de se saisir de mon leurre et de revenir à fond vers moi sur plusieurs mètres avant même que je ne la ferre. Les poissons passant les 35 cm ne sont pas rares sur ce secteur, tout comme les saumons, au regard du nombre de tacons que nous avons touché et fait bouger sur le dernier quart d’heure de pêche. Nous avons cessé la pêche car en effet, quand ces derniers sortent, les truites ne sont pas en poste.
La pêche au toc ne donnera rien de terrible, le faible débit ne jouant pas en la faveur de nos deux pêcheurs.
Station n°3 : L’Airou (Manche – 50)
Nous allons ensuite sur l’Airou sur la commune de Ver au lieu dit : le Moulin d’Airou. Les eaux couleur thé de cette magnifique petite rivière s’écoulent paisiblement entre des berges un peu hautes. L’alternance de secteurs courants et lents, dégagés et couverts avec en plus la présence de quelques herbiers, offre au pêcheur un panel de poste remarquable. De plus ce genre de cours d’eau avec ces parties ombragées offre l’avantage d’être pêchable l’été même en plein après-midi.
La rivière fait ici entre 4 et 6m de largeur pour une profondeur comprise entre 20 et 80cm. D’après les pêches électriques, ce cours d’eau est un des meilleurs du département. De fait, nous verrons pas mal de poissons pendant le temps qui nous est imparti, notamment quelques jolis gobages et un ou deux poissons en poste pour se saisir de nymphes. N’ayant pas pris de canne à mouche, nous passerons un peu au travers de la pêche. La prochaine fois nous corrigerons le tir !
La pêche avec de petits leurres nous donnera tout de même quelques poissons de taille honorable. Toutes les techniques peuvent y être pratiquées avec succès, en revanche pour la mouche et le lancer un certain niveau est requis. Les pêcheurs au vairon, au poisson nageur ou au vers ne sont pas à l’abri de toucher un grand poisson tout brillant venu tout droit depuis la Manche.
Station n°4 : La Sienne – Saint-Denis-le-Gast (Manche – 50)
Nous reprenons ensuite les voitures pour nous rendre à nouveau sur la Sienne. Direction : Saint Denis le Gas à 40 km de l’estuaire au lieu dit l’Angle. La rivière large d’une grosse dizaine de mètres s’écoule en une succession de courants et plats courants. Le lit est parsemé de blocs de roche et d’herbiers qui offrent une multitude de postes aux salmonidés. Les tacons répondent bien présents et on en voit une quantité se retourner au passage de nos leurres. Sur la fin de la pêche, des clients plus sérieux commencent à se manifester, après le décrochage de plusieurs jolis poissons, il se trouve enfin une volontaire pour venir prendre la pause. Cette dernière, une fario d’environ 35cm a d’ailleurs en souvenir une mouche à la commissure de la gueule.
Ce secteur magnifique peut être pratiqué avec l’ensemble des techniques. Si par hasard vous aimez tomber du lit, je vous conseille de pêcher les courants principaux aux aurores, que ce soit au toc ou au leurre. En revanche, pour les « couches-tard », asseyez vous sur une berges en aval d’un ces des nombreux plats courant et surveillez bien les gobages avant d’aller y déposer votre mouche.
Le matériel à prévoir :
Pour les pêches sur les secteurs les plus en amont, une paire de cuissarde suffit amplement. En revanche pour les parties aval le wadders est conseillé. Veillez cependant à ne pas pêcher les pieds dans l’eau en début de saison, il en va de nos pêches futures.
Pour le toc : prévoir une canne fil intérieur pour le secteur en amont de Villedieu et pour l’Airou, pour les autres secteurs, une canne type anglaise en 3,9m convient parfaitement. L’eau étant relativement claire, je vous conseil de pêcher avec des bas de ligne en 16 ou 14 centième en fonction de l’encombrement du secteur.
Pour les pêcheurs au leurre : pour le début de saison, je vous conseil de prendre des cannes en 2,70 voire même 3m avec des moulinets garnit en 18 centième. La puissance des cannes ira de 3-10gr à 5-25gr en fonction des types de leurre utilisés.
A la belle saison, pour pratiquer les pieds dans l’eau, une canne de 1,8m en 2-7gr fera parfaitement l’affaire. Ajoutez y un petit moulinet garnit en 14 centième et vous êtes prêt.
La sélection de leurre de début de saison doit comprendre des cuillères en n°1 et 2 argentées, dorées et cuivrées. En sachant que la cuivrée est la teinte qui nous a donné les meilleurs résultats. Les poissons nageurs en 5 et 6cm aux couleurs truite, vairon et autres petits poissons vous permettront d’enregistrer régulièrement des touches.
Une fois le niveau estival atteint, les cuillères en 0 et 00 vont remplacer les plus grosses avantageusement, les poissons nageurs plus petits vont aussi être plus appropriés, 3ou 4cm.
Pour ce qui est de la pêche à la mouche (bien que mes connaissances dans le domaine soient limitées), sur l’Airou une canne en 7,5 ou 8 pieds en soie 3 me semble appropriées, pour les autres secteurs (sauf celui sur la commune de Sainte Cécile ou l’entreprise me semble plus que périlleuse) une 9 pieds soie 4 ou 5 fera parfaitement l’affaire. Prévoyez un assortiment de mouches d’ensemble si vous pratiquez à la belle saison, ainsi que des imitations d’éphémères et de sedges.