Reportage n°4 : Pêche de la Touques (14)
La toute première news que nous avions fait paraître vous emmenait à la découverte des salmonidés et ombres de la Touques sur la partie comprise entre Glacé et Lisieux. Nous vous avions promis de revenir sur la partie plus en aval à la découverte des truites de mer. Étant donné que la fermeture de la truite de mer dans le Calvados a lieu le 30 octobre et que nous sommes dans une année record pour les remontées, il nous a semblé judicieux de vous mettre à disposition quelques petites astuces pour tenter de rencontrer ce formidable poisson migrateur.
Avant de vous lancer, sachez que la Touques est une des meilleures, voire la meilleure rivière à truite de mer en France. Cette année encore, plus de 6ooo poissons ont franchi la passe du Breuil en Auge ce fleuve côtier Bas Normand, a de quoi retenir l’attention.
D’un point de vue réglementaire, vous devez vous munir d’un permis de pêche muni du timbre migrateur. Ce dernier disponible chez les dépositaires vous donne le droit, de pratiquer deux heures après le coucher du soleil, de conserver les poissons dépassant la taille règlementaire de capture de 35cm, de prolonger votre saison de pêche jusqu’à 30 octobre.
En aval du Breuil en Auge, la Touques fait partie du domaine public, tout permis vous donne accès à ces parcours. En revanche, en amont du Breuil en Auge, pour accéder au domaine privé, vous devez, êtres membres de l’ AAPPMA “ Société de Pêche Lexovienne (SPL) “ou vous acquittez du timbre réciprocitaire ( R14,EHGO). Dans les deux cas, vous pourrez pratiquer sur les parcours de la SPL. Si le secteur est en dehors, vous devez bénéficier de l’autorisation du propriétaire riverain.
Le point sur la réglementation étant fait, partons dès maintenant à la pêche.
Station n°1 : Rdv à Lisieux (14)
Nous débutons notre recherche dans le centre de Lisieux en aval de la confluence entre la Touques et l’Orbiquet. Pour le descriptif de la rivière, je vous invite à relire la News n°1. Pour ce qui est de la technique, seule la mouche fouettée est autorisée sur le domaine privé une fois la fermeture de la truite fario passée.
L’eau étant claire et le temps lumineux, Benjamin et moi optons pour une prospection méticuleuse des fosses et courants lents et profonds en nymphe.
Cette technique est, selon moi, dans ce genre de condition celle qui donne les meilleurs résultats. La noyée étant supérieure avec des eaux piquées et un temps pluvieux. Inutile de courir les berges, sélectionnez trois ou quatre postes qui conviennent à votre niveau technique et à votre matériel (je pense notamment à la densité de vos nymphes) et peignez les avec application. Votre nymphe doit passer à proximité du fond, si possible sans trop draguer. Vous devez toujours être confiant dans le fait que les poissons se trouvent sur le poste prospecté. Rassurez-vous, en fin de saison, l’ensemble du linéaire est colonisé. Un bon poste est obligatoirement occupé.
Changez de nymphe une fois que vous pensez avoir peigné correctement l’ensemble de la veine d’eau.
Alternez, les tons claires, foncés et ceux avec un peu de fluo. Le fait de passer une nouvelle nymphe déclenche régulièrement des touches.
Le plus difficile est souvent de trouver le bon compromis entre la taille et le poids de votre nymphe et le diamètre du bas de ligne. Lors de notre sortie, j’ai opté pour un bas de ligne en 14 centièmes en nylon avec des nymphes en taille 14 équipées de casques en tungstène. Si vous préférez les nymphes plus grosses, vous pouvez alors augmenter la taille de votre bas de ligne en 16 ou 18 centièmes. Dans tous les cas pensez à régler le frein de votre moulinet en fonction de votre montage.
La première touche de la journée survient le long d’un mur. Un simple blocage suivit d’un ferrage, et je me retrouve avec ma soie qui file entre les mains. Un bon moment plus tard etj’épuise une jolie femelle truite de mer d’un peu plus de 50 cm.
Philippe a filmé une grosse partie du combat, je vous laisse découvrir cette séquence sur CP vidéos.
Nous nous rendons ensuite rapidement pêcher la confluence de la Touques et de l’Orbiquet. Ce poste, tout comme les confluences avec la Paquine, le Pré d’Auges, la Calonne et d’autres petits tributaires sont des postes de choix tout au long de la saison. Les poissons y séjournent parfois longuement en attendant les coups d’eau pour y remonter. Nous nous y attarderons un peu, mais comme nous souhaitons vous montrer un maximum de destination, nous replions les cannes pour nous diriger vers Coquainvilliers. Pour ceux qui souhaitent se rendre sur Lisieux, sachez qu’il existe un sentier pédestre sur les parties amont et aval de la ville. Une journée ne suffit pas pour pêcher ses 3km de parcours.
Sachez qu’en cas de grosses pluies, le réseau pluvial de Lisieux occasionne une montée des eaux rapides, il est alors difficile de pratiquer car la rivière transporte de nombreux débris végétaux. Une des astuces consiste à se rendre en amont de Lisieux sur le secteur en aval de la Forge (Cf news n°1). Ce secteur beaucoup moins large offre quelques jolis coups à pratiquer en noyée ou en nymphe. Même si vous ne pouvez pas pratiquer sur l’ensemble des postes, il vaut bien souvent n’en faire que 5 ou 6 correctement qu’une dizaine avec une mouche qui pêche mal.
Station n°2 : Coquainvilliers (14).
Nous rejoignons donc la Touques à l’aval immédiat de Coquainvilliers. Nous débutons la pêche sous la confluence avec le Pré d’Auges. Avec sa quinzaine de mètres de largeurs, la rivière prend ici de l’envergure. Les magnifiques courants donnent naissances à de grandes fosses qui se terminent par de larges radiers.
Vous êtes dans le fond de la vallée, les prairies vous entourent. Les amoureux du calme et des paysages verdoyant trouveront ici, sans aucun doute, leur bonheur. Les fosses les plus profondes passent les deux mètres et font plus de 20 mètres de longueur. Les gros poissons ne sont pas rares sur ce secteur. Malgré la présence de nombreux aulnes et autres saules,la pêche à la mouche y reste assez facile à condition de maîtriser le lancer roulé
Petite astuce pour le débutant, ne pêchez pas spécialement les courants les plus puissants, privilégiez les bordures de ces derniers ainsi que les courant profonds et uniformes. Si ces derniers longent un obstacle, ou s’ils sont surplombés par des branches alors vous avez un bon poste à portée de soie.
Ma nymphe se fait intercepter dans une bordure de gros courant. C’est à nouveau une magnifique femelle, qui passe largement les 60 cm
qui vient nous rendre une petite visite. Le temps de prendre la pause et de vous démontrer en direct le potentiel de cette rivière. Comme vous pourrez le constater sur la vidéo réalisée par Philippe, tenir des poissons de cette taille sur une canne à mouche est réellement une expérience inoubliable.
Station n°3: La passe du Breuil en Auge.(14)
Nous reprenons ensuite les voitures, direction le domaine public. Un passage par la passe du Breuil en Auge nous permet de constater le nombre poissons remontés depuis le début dede saison mais aussi ceux remontés pendant les 7 derniers jours.
En fin de saison, cette étape est moins indispensable qu’au début. Mais en mai, juin si le chiffre des remontés est faible, privilégiez la partie aval de la rivière. En revanche si les chiffres sont importants vous pouvez alors vous rendre sur les secteurs amont.
Station n°4: Pierrefitte-en-Auge.(14)
Nous nous arrêtons au pont de Pierrefitte-en-Auge.
Nous sommes ici, sur le secteur de l’Association des Pêcheurs à la Ligne de la Vallée d’Auge. Les rives faisant partie du domaine public, la pêche au leurre y est autorisée. Benjamin opte pour la mouche, tandis qu’avec Damien nous nous essayons au poisson nageur. La rivière s’écoule ici dans une succession de méandres donnant tous naissance à des fosses plus jolies les une que les autres. La rivière est, par endroits, moins large en raison de la présence d’anciens murets qui la canalisaient. Certains sont encore en berge, alors que d’autres se retrouvent parfois dans le lit du cours d’eau. Ne les négligez surtout pas. Ce sont des postes de premier choix.
Les grandes prairies en aval du pont se pratiquent très bien au leurre, mais sont plus délicates à la mouche. Peignez les débuts et fin de fosses ainsi que les sous berges et autres zones ombragées. Votre leurre doit évoluer le plus lentement et le plus régulièrement possible
Je vous conseille de vous rendre de part et d’autre du manoir qui se trouve en rive gauche pour déployer votre soie. Larivière est ici moins profonde et offre une série de poste de tout premier ordre. Le méandre au pied du manoir réserve de belles surprises au coup du soir en noyée. Tout comme la ligne droite en amont les journées de crachin Normand.
A part une tirée en nymphe pour Benjamin, nous ne verrons pas de poisson. Chose qui reste ma fois assez courante quand on recherche le migrateur.
Station n°5: La station.(14)
Ce secteur est sans doute un des plus fréquenté de la Touques. Situé en aval de Pont l’Evêque au niveau de la station d’épuration, il est aussi un des plus joli. La Paquine a rejoint notre fleuve côtier un peu en amont lui donnant alors des allures de grande. La largeur dépasse couramment les 20 mètres et certaines fosses sont ici tout simplement impressionnantes. Les berges hautes ne facilitent pas forcément la pêche et peuvent la rendre dangereuse.
Veuillez à vous tenir toujours un peu en retrait. Les cannes au leurre doivent mesurer au minimum 3m, et les cannes à mouches 11pieds. De la sorte vous pouvez travaillez confortablement les leurres et autres mouches sans vous casser le dos et avec une discrétion optimale. Si vous souhaitez débuter au poisson nageur la nuit ce secteur est pour vous.
La rivière coule dans une vallée assez large, donc lumineuse, et avec une végétation de berge aérée. Pratiquez une fois le secteur de jour et repérez deux ou trois fosses qui vous plaisent. Prenez bien vos repères sur les distances de lancer, les profondeurs et les différentes structures. Une fois que la nuit vous enveloppe la pêche prend une autre dimension. Vos yeux ne servent plus à grand-chose, les autres sens prennent le relais. Quand la surface explose suite à un ferrage, je vous garanti une décharge d’adrénaline comme vous en aurez rarement vécu en eau douce.
Nous nous contenterons de pratiquer de jours. Le ciel se voilera pendant une bonne heure, me laissant le temps de prendre une petite truite de mer et d’en rater une autre au lancer suivant. Comme quoi, elles ne mordent pas que la nuit au leurre. Sachez profiter des variations de luminosité.
Nous en resterons là pour cette sortie, les photos de nuit ne donnant pas grand-chose. Nous terminons tout de même, avec trois poissons en une journée et un ou deux ratés. Comme quoi, il n’y a rien d’impossible, bien au contraire. La fin de saison réserve sont lot de surprise avec les gros bécards qui deviennent plus agressifs. Pourquoi ne pas tenter votre chance !
Le matériel à prévoir :
L’épuisette est l’accessoire indispensable quelle que soit la technique mise en œuvre. La gaffe est interdite.
Si vous pratiquez la nuit, une lampe frontale vous sera bien utile.
Veuillez à ne pas éclairer la rivière. La lampe ne vous sert qu’en cas de capture. Si vous devez faire un nœud ou autre éloignez vous dans le champ.
Pour la pêche au leurre :
Une canne entre 3m et 3,60 en 15-40gr ou en 20-60gr est parfaite équipée avec un moulinet en taille 3000 ou 4000. Veuillez à ce que le frein soit fiable. Garnissez-le en tresse en 17 ou 20 centièmes. Pour les adeptes du nylon un 30 centième fait l’affaire. Si vous pêchez en tresse, la journée, un bas de ligne en fluorocarbone en 30 ou 35 vous apporte un peu de discrétion. La nuit, je vous conseille de pêcher en tresse directe.
Au niveau des leurres : les tournantes en n°2, 3 et 4 argentés ont leurs adaptes, tout comme les Quinperloises. Toutefois la majorité des pêcheurs utilisent des Rapala 7 et 9 cm coulant. Les K-ten Blue Océan de chez Tackle House ont aussi leurs adeptes depuis deux ou trois ans.
Les couleurs les plus utilisées sont les fluos la nuit et en eau trouble, et les couleurs naturelles type truite, vairon en journée par eau claire.
Pour ce qui est de la mouche :
Une 9,6pieds soie 7-8 est parfaites pour la noyée dans les secteurs ou il est possible de marcher dans l’eau. Une 11pieds est plus adaptée pour la pratique depuis la berge. Sur la partie basse, les cannes à deux moins ont leurs adeptes. Les soies à pointes plongeantes voire plongeantes sur la partie basse sont recommandées. La taille des bas de ligne varie entre 24 et 30 centièmes en fonction de la clarté de l’eau et de la taille des mouches que vous présentez.
Les mouches dans les tons noir, noir et bleu et gris sont les plus couramment utilisées.
Pour la pêche en nymphe, un 9 pied soie 5 avec une pointe comprise entre 14 et 20 centièmes en fonction des conditions couvrent la plupart des situations. Choisissez de préférences des coups proches de l’eau et avec un accès faciles et de la marge pour travailler votre poisson.