Reportage n°7 : Pêche sur la Sée et la Sélune (50)

Notre première destination de la saison nous emmène à la découverte du sud Manche sur les meilleures rivières à saumon de l’hexagone : la Sélune et la Sée. Ces deux fleuves côtiers Normands terminent leurs parcours dans la baie du Mont Saint Michel. 
Autant vous le dire de suite : aucun d’entre nous n’a jamais capturé de saumon. Mais en pêche, comme pour le reste, il y a début à tout. Qui plus est, tant qu’à essayer, autant aller ou il y en a le plus ! Pour ce qui est de la technique que nous utiliserons : ce sera leurre. Principalement poisson nageur et un peu de cuillère tournante.

Avant de commencer la pêche, nous nous retrouvons au bar des Sportifs de Ducey. Le lieu est assez atypique et témoigne bien de la culture « saumon » qui règne dans la région. Des peintures du grand poisson ornent les murs accompagnées de photos des pêcheurs avec leurs captures. Dans un coin figure aussi le tableau des captures de l’année, y sont inscrites les prises déclarées dans ce lieu. Lors de notre visite le plus gros poisson enregistré mesurait : 94cm !

Secteur de la Sélune

Station n°1 : Lieu-dit Le Bateau – Ducey (50)

C’est donc motivé à fond que l’équipe (Grégory, Philippe, Benjamin et moi-même) rejoint la Sélune un peu en aval du barrage de la Roche qui Boit au lieu-dit le Bateau. Lors de notre visite, la rivière avait un débit moyen, car en effet sur ce secteur la présence du barrage en amont a une incidence sur les débits. Nous débutons la pêche en aval du pont. La rivière, sort d’une magnifique fosse juste avant le pont puis s’écoule dans une grande ligne droite aux courants assez puissants. De jolies veines d’eau passent régulièrement d’un côté et de l’autre de la rivière donnant ainsi naissance à tout un tas de postes capables d’abriter momentanément des poissons. Ne négligez surtout pas les branches basses.

Le gros avantage de ces types de postes, c’est qu’ils abritent des poissons en transite, donc plus agressifs.
Pour ce qui est de la rivière, la Sélune fait ici une vingtaine de mètres de largeur, pour une profondeur allant de 30cm à 2m dans les fosses. Le fond caillouteux laisse parfois place à de gros blocs rocheux. Ne négligez pas ces derniers en particulier si le courant est puissant (barrage qui turbine).

Pour la pratique de la pêche, le premier champ en rive droite à l’aval du pont est facile à prospecter, en revanche si vous souhaitez descendre un peu plus, je vous conseille de partir sur la rive gauche. Une fois le premier champ passé, la prospection sera plus simple.

Au niveau technique, les cuillères ondulantes et tournantes ont leur adepte, le poisson nageur étant moins utilisé. Quelque soit le leurre, le lancer s’effectue entre ¼ et ¾ aval en laissant le leurre pêcher le plus creux possible et en lui faisant décrire un arc de cercle sous l’effet du courant.
A part un joli poisson déplacé et une truite nous ne verrons rien sur ce secteur.
Même la magnifique fosse située en amont du pont nous vaudra seulement une truite. Pour pêcher ce poste remontez en amont du pont rive droite. Ainsi placé, vous vous trouvez à l’intérieur du méandre de sorte qu’il vous est possible d’en peigner l’ensemble correctement. Inutile dans ce type de pêche de courir les berges, appliquez vous, soyez certain qu’une fosse de ce type abrite systématiquement des poissons. Prospectez méticuleusement les entrées et sorties de fosse, c’est là que vous avez le maximum de chance de trouver des poissons mordeurs.
Nous allons prospecter avec insistance de secteur vers l’amont sur environ 500m, sans plus de résultat.

Station n°2 : Lieu-dit La Roche qui Boit – Ducey (50)

Nous remontons ensuite en voiture rive droite pour passer les quelques propriétés privées en amont et prospecter en aval de la réserve de 120m située sous le barrage de la Roche qui Boit.

Ce secteur bien que très court reste excellent. L’ouvrage n’étant, pour le moment, pas franchissable, les poissons séjournent dans les parages avant de rechercher des frayères dans la partie aval de la rivière ou, sur le Beuvron un affluent qui rejoint la Sélune quelques kilomètres plus bas. Le long de cette prairie d’environ 300m, la rivière s’écoule en ligne droite avec quelques blocs épars pour casser le courant. Nous verrons également les vestiges des frayères dont certaines sont d’une taille qui laisse rêveur. C’est juste en aval d’un de ces dômes que Benjamin va se retrouver aux prises avec son premier saumon.

Ce dernier ne lui a pas fait de touche, juste un blocage. Pensant qu’il s’agissait d’un herbier, le ferrage n’a pas suivit. Nous verrons un très joli poisson (estimé à 80cm) monter en surface et secouer la tête avant de se libérer des triples du poisson nageur.

Arrivé sur la fin de la prairie, un gros bloc rocheux génère un élargissement en rive gauche. Le leurre de Benjamin se fait taper dès son entrée dans l’eau sur ce secteur. Nous allons ensuite assister à un magnifique spectacle. Le saumon traverse une moitié de rivière collé au leurre avant de s’en saisir. Le ferrage, un peu hâtif, a pour conséquence un décroché immédiat.
La matinée se termine sur cette action. Nous n’avons pas de saumon mais deux se sont tout de même manifestés. Ce qui est déjà énorme nous en sommes bien conscients.

Pour ceux qui souhaitent un peu plus de secteurs :

En période de basses eaux, le Bois Dardennes en rive droite entre le pont Bateau et le pont de Signy vous permet de prospecter de très jolies veines d’eau à vos pieds. En revanche, les berges encombrées de ce secteur sont à réserver pour des pêcheurs expérimentés et qui aiment le calme.

Pour ceux qui débutent et par eaux fortes, je vous recommande le secteur aval en rive droite du pont de Signy. Vous êtes dans une prairie sans clôtures, avec peu d’arbres et des postes magnifiques. La rivière est ici plus calme et pardonne un peu plus les erreurs au lancer. Insistez bien la fin de secteur entre la confluence avec le Beuvron et Montmorel.

Secteur de la Sée

Station n°3 : Commune de Les Cresnays (50)

Nous prenons ensuite les voitures et parcourons une vingtaine de kilomètres pour rejoindre la Sée. Le premier secteur se trouve en amont de Brécey sur la commune des Cresnays. La rivière coule ici en faisant de nombreux méandres au milieu d’une vallée bocagère.
La rivière mesure entre 5 et 7m de largeur avec de magnifiques fosses dans l’intérieur de chacun des nombreux méandres. La rivière est ici très courante. Sa faible largeur, la rend plus facile à lire. En revanche nombreux sont les postes ou combattre un saumon peut être « délicat ». Les courants relativement puissants creusent les berges et entraînement les aulnes dans le cours d’eau.

Ce qui explique en partie la présence de nombreux morceaux de bois et autres branches dans le lit. Sur ce secteur, les pêches électriques réalisées par la fédération révèlent des densités de tacons record. Les gros ne doivent pas être très loin…Ce descriptif est valable aussi bien en amont qu’en aval des Cresnays.

Nous optons pour la partie aval, en effet sur ce type de pêche « aval » il est plus facile de prospecter dans la continuité de la rivière en décalant les lancers de 50cm à chaque fois.

La pêche y est très agréable, même avec beaucoup de vent comme lors de notre visite. Les lancers sous la main vous permettent de prospecter efficacement et discrètement. Une fois de plus insistez bien sur les entrées de fosses et les sorties. Les nombreuses racines creuses et autres arbres dans l’eau sont à ne pas négliger, en particuliers s’ils concentrent le courant.

Nous allons ainsi descendre trois prairies sans voir la moindre touche de migrateurs.

Nous décidons donc de descendre plus bas sur le cours d’eau. C’est un des réflexes à avoir avec les migrateurs, ne pas hésitez à « bouger » pour tenter de trouver les poissons qui peuvent en fonctions des conditions se trouver plus concentrés sur certains secteurs que d’autres.

Station n°4 : Lieu-dit Les Pêcheries entre La Grattemondière et la Genterie – Brécey(50)

Ce secteur situé environ 7km en aval de Brécey et un tout petit peu plus large (6-8m), mais il est surtout plus lent et un peu plus profond en moyenne (entre 30cm et 1.4m). Les arbres en bordure et dans le cours d’eau sont encore plus nombreux. Néanmoins la pêche reste relativement facile car les nombreux méandres « ouvrent » de belles fenêtres de lancer. Nous pêchons en aval du pont, l’amont étant en réserve.

Nous formons deux équipes et nous nous répartissons sur chacune des rives. Sur ce secteur les postes une fois de plus sont tous plus jolis les uns que les autres. Je pense que c’est un des pièges de la Sée, ils sont tous beaux, mais ne sont certainement pas tous bons ! Il faut y aller des dizaines et des dizaines de fois pour connaître une rivière avec autant de postes possibles. Nous allons ainsi peigner méthodiquement chaque bois immergé, chaque fosse, chaque accélération.

Alors que je peigne une veine d’eau d’à peine 3m de largeur créée par un arbre immergé et que mon leurre vient se mettre dans l’axe de ma canne juste sous mon scion, je vois un saumon sortir de la souche située 2m en aval. Il monte sur mon leurre et le prend délicatement. Le temps de lui rendre un peu la main en le regardant redescendre et de lui envoyer un ferrage, tout bascule. Le calme de la vallée est rompu, je crie « poisson » et bloque tout compte tenu du poste où je me trouve. Je tiens ce poisson d’environ 75cm avec moins d’un mètre de tresse au bout de la canne, il explose dans tous les sens pendant une vingtaine de secondes avant de se décrocher. Greg à tout juste eu le temps d’arriver en courant pour faire deux photos. L’une d’entre elle montre bien l’intensité d’un combat dans ce type de milieu fermé.

C’est dépité que nous reprenons la prospection, à part une touche suspecte dans une fosse sur mon leurre, nous ne reverrons rien.

Nous avons tous cependant passé une excellente journée. Nous avons touché trois saumons, découvert des paysages magnifiques au cœur du bocage Normand. Pour tout vous dire, j’y suis retourné la semaine suivante. J’ai touché un saumon encore plus gros que lors de notre première visite, et je l’ai perdu au moment de le sortir de l’eau. J’ai tout de même eu le temps de prendre quelques photos que nous vous mettons en bonus. Je comprends pourquoi, la pêche du saumon est une culture. Ce poisson à la fois énigmatique et emblématique n’a pas finit de faire rêver. Il en est ainsi depuis très longtemps comme en témoigne les photos de matériel ancien que Benjamin nous a dégottés. Si par hasard (ou pas), vous passez du côté du Mont Saint Michel lors d’une journée pluvieuse. N’hésitez pas, tentez votre chance.

Réglementation :
La pêche du saumon est très règlementée.
Pour faire simple, il existe deux périodes de pêche : celle des saumons de printemps (plus de 70cm) qui se déroule 2ème samedi de mars au 2ème dimanche de juin soit du 10 mars au 10 juin pour l’année 2012 -(sous réserve que les quotas ne soient pas atteints ) et celle des castillons (saumon de moins de 70cm)du 2ème samedi de juillet au 3ème dimanche de septembre soit du 7 juillet au 16 septembre pour l’année 2012 (une fois de plus sous réserve que les quotas ne soient pas atteints). Passé le 2ème dimanche de juin, soit le 10 juin 2012 les poissons de plus de 70 cm doivent être relâchés.
La pêche au leurre est autorisée sur l’ensemble de ces dates, en revanche pour la pêche au vers et la crevette, il convient de se renseigner sur les dates de fermeture en fonction des secteurs prospectés.
Pour pratiquer, vous devez vous acquitter de la CPMA Migrateur. Une bague et une déclaration de capture vous sont remisent pour l’occasion. Si vous capturez un poisson et que vous désirez le conserver, il doit être bagué et la déclaration de capture remplie sur le lieu même de la capture.
Je ne saurai que trop vous conseiller d’imprimer les petits dépliants de la Fédération de la Manche, disponible en PDF sur www.peche-manche-com rubrique règlementation avant de partir.

Le matériel :

Les cannes : des longueurs comprises entre 3 m et 3,5 m sont parfaites, les puissances comprises entre 10-40 gr et 20-60 gr conviennent très bien.

Un moulinet en taille 3000 ou 4000 avec un frein fiable garnit de tresse en 17 ou 20 centièmes ou de nylon en 30 ou 35 pour la Sélune ou en 35 voir 40 pour la Sée.
Au niveau des leurres, les cuillères tournantes en taille 2, 3 et 4 sont parfaites. Deux possibilités s’offrent à vous, une cuillère « standard » avec un plomb bateau devant, ou les cuillères type Quimperloise avec une plombée axiale. Les poids utilisés sont compris entre 5 et 20 gr en fonction des débits. Les cuillères argentées et dorées sont les plus utilisées. Pour les Quimperloises les jupes noires et rouges sont à privilégier.

Les ondulantes sont également très utilisées. Les cuillères de 10 à 28 gr dans les tons dorés, cuivré et orange fluo sont celles que l’on voit le plus au bout des cannes. Les Orklas semblent faire référence.
Pour les poissons nageurs, des Rapala 7 et 9cm coulants et des BKS 75 et 90 coulants également couvrent la plupart des situations. Les couleurs les plus utilisées : orange, truite arc en ciel, rose, trifluo, truite fario.

Inutile de surcharger vos boîtes, quelques leurres avec des tailles et des grammages différents suffisent amplement. Il est préférable de passer votre temps à pêcher qu’à bricoler. Il vous faut surtout une bonne dose de confiance en vous et si possible en vrai temps Normand : de la pluie avec un peu de vent.

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